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N°18 décembre 2002 Histoire
séculaire de l'immigration
algérienne II existe sur les
Algériens en France de nombreux travaux, mais
l'étude socio-historique de l'immigration
algérienne sur la longue durée a
été rarement faite. Lorsque le Centre de
recherches sur l'Algérie contemporaine (CREAC) que
je dirige a entrepris d'écrire cette histoire, il
s'est trouvé confronté à des
problèmes d'ordre méthodologique, de
documentation et de rédaction. Dans le cadre de ce
bref exposé, j'insisterai sur un aspect souvent
négligé : celui des origines et de
l'histoire des Algériens en France jusqu'en 1954.
Je marquerai ensuite les différents moments
vécus par cette immigration pendant la guerre de
libération et je finirai par quelques notations
sur la période postindépendance, beaucoup
mieux connue, en renvoyant aux deux livres tirés
de la recherche faite par le CREAC sur cette
question. Le premier
âge de l'immigration algérienne
(1890-1918) Les
Algériens, essentiellement des Kabyles, arrivent
en France, dès la fin 1830. Ils sont convoyeurs,
dockers, manoeuvres, ouvriers agricoles saisonniers ou
colporteurs. D'autres algériens enrolés
dans des régiments de zouaves ou de spahis
participent aux guerres de Napoléon III en Italie
et en Crimée. Pendant les
années 1870, la situation évolue par le
fait d'évènements majeurs : 1). La
défaite de Napoléon 111 dans la guerre
franco-allemande, entraînant la chute de l'empire
puis la répression de la Commune de
Paris. 2).
L'écrasement de l'insurrection kabyle de 1871 qui
intègre cette région relativement autonome
dans une Algérie où le capitalisme est
devenu le mode de production dominant, transformant les
fellahs et les petits artisans en un immense
prolétariat. 3).
L'avènement de la Illème république
avec la volonté pour les dirigeants de
préparer la guerre de revanche contre l'Allemagne.
Dans ce but, les radicaux, surtout avec Jules Ferry,
mèneront une politique en trois points :
l'industrialisation rapide du pays, l'école
laïque et gratuite pour former les cadres
administratifs et militaires nécessaires et la
création d'un empire colonial pour les
matières premières, les
débouchés pour l'industrie, la
main-d'oeuvre à bon marché et les
soldats. C'est ainsi que
l'Algérie, devenue un prolongement de la France en
Méditerranée, devient la clé de
voute de son empire colonial en Afrique (conquête
de la Tunisie, du Sahara puis du Maroc). Elle est
intégrée dans son économie, sa
politique méditerranéenne, sa diplomatie,
son outil militaire et son marché du
travail. C'est dans ce
contexte que l'immigration algérienne (jusque
là saisonnière et limitée) change de
nature et de caractère dans les années
1890, en devenant ouvrière, organisée et
structurelle. En 1905, plusieurs
centaines de travailleurs algériens sont
embauchés dans la région marseillaise
(docks, huileries, savonneries et raffineries), les mines
et les industries du Nord/Pas de Calais, la
sidérurgie de Lorraine et surtout la région
parisienne. Ils sont
employés dans le bâtiment et les travaux
publics, les industries chimiques, les raffineries, la
compagnie des omnibus, les chemins de fer et le
métropolitain. Ces travailleurs, originaires pour
la plupart de Kabylie, région où la
densité de la population est très forte,
s'installent de façon organisée dans les
villes et régions industrielles, avec des
regroupements déjà dans certains quartiers
(Montmartre, la place Maubert). Le mouvement
migratoire va s'amplifier et en 1914, on compte
près de 13 000 Algériens en France. A cette
date, la migration algérienne est
insérée dans le cycle des autres
immigrations étrangères. Mais du fait de
leur statut d'indigène, de leur origine rurale ou
villageoise, des dures conditions de travail et de vie,
ils vivent à la marge du prolétariat
européen. Ils gardent de forts liens avec le pays,
se regroupent par villages ou par régions,
construisent des réseaux de solidarités et
ils s'accrochent à leurs traditions culinaires,
religieuses et culturelles. De là l'importance des
cafés-hôtels-restaurants comme cadres
structurants de cette émigration. La formation d'une
structure socioculturelle originale a facilité
l'intégration des Algériens dans
i'économie et !a société
française, en même temps qui elle devient un
creuset où s `est forgée une
;dentité algérienne impossible à se
consfiruire dans i'Algérie coloniale, puis une
conscience nationale.Pendant la guerre de 1914-1918, la
France fait appel aux Nord- Africains. En 1918,
on compte plus de 150 000 travailleurs, dont 78 556
Algériens et 250 000 soldats, dont 175 000
Algériens. Cette main-d'oeuvre est employée
dans les secteurs vitaux de l'appareil de production et
de la défense nationale : établissements du
matériel de guerre et de munitions, services de
l'intendance, du génie et de
l'aéronautique, transports, mines, chantiers
implantés dans la zone des armées.
L'introduction massive des ruraux algériens dans
les branches les plus modernes de l'industrie, les a
transformés en de véritables
prolétaires, dans le même temps qu'elle a
imposé la modernisation de l'appareil de
production en développant le système taylor
(la division des tâches dans le travail à la
chaine). La participation
reconnue des travailleurs coloniaux à l'effort de
guerre, le rôle important joué par les
régiments nord-africains lors des offensives de
1917 et 1918, la paix sociale et politique qui
régnait en Afrique du Nord, expliquent la
sympathie dont jouissaient les travailleurs et soldats
nord-africains. Cette situation qui contrastait avec la
triste condition des Algériens dans leur pays a
joué un rôle important dans la maturation
politique des Algériens en France. Le
deuxième âge de l'immigration
(1920-1939) Après la
guerre, le gouvernement rapatrie les 250 000 travailleurs
et soldats coloniaux. Mais saignée par la guerre
et en partie détruite, la France se tourne
à nouveau vers son empire. C'est dans un contexte
où l'immigration algérienne, touiours
à dominante kabyle. se développe, qu'elle
s'ancre plus fortement dans l'économie et la
société française et que
s'établissent des liens avec le mouvement ouvrier
français. Marquons quelques points forts
: 1). la
création en 1926, de l'Etoile Nord-Africaine
(ENA), par le PCF. La participation déjà
notable des Algériens à la vie sociale et
politique en France se développe. Messali Hadj,
secrétaire général de l'ENA et
permanent du PCF, encourage les Etoilistes qu'il recrute
à adhérer à la CGTU et à
devenir des cadres politiques. En 1927, pendant le
Congrès anti-impérialiste de Bruxelles,
Messali prononce un discours fondateur du nationalisme
algérien (l'abrogation du régime colonial,
les libertés démocratiques et
l'élection d'une Assemblée Constituante
Algérienne Souveraine par tous les habitants de
l'Algérie (Européens, Juifs et
Musulmans). 2). Après
Bruxelles, l'Etoile se démarque par étapes
du PCF mais ses militants restent toujours à la
CGTU. Le programme de l'Etoile s'enrichit (l'abrogation
du régime colonial, les libertés, la
laïcité de l'Etat algérien,
l'émancipation sociale, politique et culturelle
des couches exploitées, l'indépendance du
syndicat). 3). L'Etoile se
construit comme un parti ouvrier en s'inspirant du
modèle communiste. La plupart des cadres sont des
Kabyles, mais on compte aussi d'autres Algériens,
des Tunisiens et des Marocains. A partir de 1933, les
Etoilistes quittent le PCF mais ils restent à la
CGTU. 4). L'Etoile
participe activement à la lutte des classes en
France, en liaison avec la gauche socialiste et
révolutionnaire ; elle considère en effet
que l'émancipation du peuple algérien ne
pourra se faire qu'avec l'aide de la classe
ouvrière et du peuple français ami, avec
comme perspective, la transformation de l'empire en un
commonwealth franco-africain. L'Etoile participe
à toutes les luttes contre la montée du
fascisme ( les factieux en février1934,
l'agression italienne en Ethiopie, le
national-socialisme) et l'antisémitisme (les
émeutes de Constantine en 1934). Elle participe
aux grèves et aux occupations d'usines en juin
1936 et adhère au Front populaire sans renoncer
à son programme, ce qui entraînera son
interdiction. Mais elle renaît en 1937 en devenant
le Parti du peuple algérien (PPA) qui conserve le
même programme. Le PPA participe à toutes
les luttes des travailleurs et le PPF de Jacaues Doriot.
Elle s'implante en Algérie et devient le parti
dans lequel se reconnaissent les masses opprimées.
En 1939, le PPA est interdit et toute sa direction
emprisonnée, mais son action se poursuit.
Insistons sur trois points . - le refus de toute
collaboration avec Vichy, ce qui interdira la formation
d'une armée d'Afrique par les fascistes
; - le refus d'une
collaboration avec le GPRF dirigé par le
général de Gaulle parce qu'il
considérait que l'Algérie était un
territoire français ; - le combat
mené dans le cadre des Amis du Manifeste et de la
Liberté (AML), initié par Ferhat Abbas pour
une Assemblée Constituante Algérienne.
Investi par les messalistes, les AML deviendront un
mouvement de masse, qui sera cassé le jour
même de la fin de la guerre (massacres de
Sétif et de Guelma, le 8 mai 1945). Le
troisième âge de l'immigration
(1945-1954) Dès 1945,
les travailleurs algériens retrouvent le chemin de
la France et ils sont affectés dans les secteurs
prioritaires : les mines, la sidérurgie, les
industries mécaniques, chimiques et textiles, les
infrastructures routières, ferroviaires et
portuaires, les transports, les barrages. Ils participent
à la relance de la machine économique et au
maintien de l'équilibre entre campagnes, villes
moyennes et métropoles. L'économie
française a bénéficié d'une
main-d'oeuvre jeune, robuste, directement introduite dans
le procès de production, au coût très
bas (absence de formation professionnelle, de droits
sociaux, de logement), mobile et variable en fonction des
besoins de l'économie. Mais depuis 1947,
les Algériens devenus des " franco-musulmans "
possèdent plus de droits sociaux et politiques.
Ils s'organisent dans le Mouvement pour le Triomphe des
Libertés Démocratiques (MTLD) qui reprend
dans un contexte nouveau le programme et les traditions
l'Etoile et du PPA. II réclame toujours la fin du
régime colonial, les libertés
démocratiques, l'indépendance du syndicat,
l'émancipation de la femme, la laïcité
de l'Etat, une Assemblée Constituante et le
remplacement de l'Union française en un
Commonwealth franco-africain. Ses militants restent
à la CGT mais il existe des cellules MTLD
d'entreprises. Ils participent à toutes les
actions de la classe ouvrière et à ses
manifestations. En 1954, le MTLD
est déchiré par une crise qui se durcit
pendant l'année. Une issue intervient quand
Messali Hadj, en résidence surveillée
à Niort reprend aux réformistes du
Comité central, le contrôle du parti.
Refondé au Congrès d'Hornu en juillet 1954,
le MTLD s'oriente vers la lutte armée
généralisée en décembre 1954.
Mais le 1 er novembre, Boudiaf et le CRUA devancent cette
action en lançant "la Toussaint rouge". L'immigration
algérienne pendant la guerre
d'indépendance. Pendant le temps
qui me reste, je me limiterai à fournir quelques
repères et à dégager les tendances
lourdes, en renvoyant au livre que le CREAC a
consacré à l'immigration algérienne
jusqu'en 1962, où la quatrième partie est
consacrée à cette question. Mon exposé
comprendra quatre parties 1. L'immigration
algérienne en 1954. Plusieurs traits la
caractérisent : II s'agit d'une
main-d'uvre jeune, de célibataires ou
d'hommes mariés au pays (surtout en Kabylie),
d'ouvriers peu qualifiés (la plupart sont des
manoeuvres ou des ouvriers spécialisés).
Mais depuis 1949/50, en relation avec la
poussée démographique et la crise
sociale et politique de la colonie, les
Algériens s'efforcent lorsqu'ils ont un emploi
qualifié et un logement, de faire venir leur
femme et leurs enfants, c'est à dire qu'on
assiste, avec la formation d'une immigration
familiale, à un changement dans les
mentalités d'une fraction du prolétariat
algérien qui cherche à s'installer de
façon durable en France. Cette tendance va se
développer vigoureusement pendant la guerre, en
particulier dans les années 1960 et se
poursuivre en s'amplifiant après
l'indépendance jusqu'en 1974. b) la
répartition géographique. Cette
population se dirige vers les villes et les
régions industrielles du Nord, de l'Est, du
Centre, de Marseille et surtout dans la région
parisienne, c'est à dire dans des
régions où l'immigration
algérienne s'est sédimentée
depuis le début du siècle et dans un
espace où, depuis le second XIXe siècle,
les autres immigrations allemande, suisse, belge,
italienne et polonaise se sont
implantées. c) la vie
professionnelle et sociale. La France ayant
été ravagée par la guerre, la
main-d'oeuvre algérienne (près de 400
000 hommes en 1954) est massivement introduite dans
les secteurs considérés dans le plan
gouvernemental comme essentiels pour le redressement
du pays : les mines, la sidérurgie, la
métallurgie, la chimie, le textile et les
travaux publics, en particulier la construction des
barrages et des voies ferrées.Mais à la
différence de la période de l'entre deux
guerres, les Algériens sont régis par le
statut de 1947 qui leur acorde la citoyenneté
française - même si elle établit
un double collège électoral -, plus de
droits sociaux et de libertés
démocratiques. C'est ainsi que les travailleurs
algériens qui sont dans leur grande
majorité syndiqués à la CGT,
participent activement aux luttes ouvrières et
à la vie de l'entreprise. Aux usines Renault
par exemple, la CGT obtient, grâce au vote
algérien, la majorité au Comité
d'entreprise, à la Commission hygiène et
sécurité, etc. Par ailleurs les
Algériens, dont beaucoup suivent des cours du
soir, améliorent leur qualification
professionnelle et accèdent à des postes
de responsabilité dans les différentes
commissions de l'entreprise. Comme par le
passé, les Algériens participent
activement à la lutte des classes
(grèves et manifestations). C'est ainsi que des
milliers de travailleurs algériens se trouvent
le 14 juillet 1953 dans le défilé
parisien de la CGT et du PCF, derrière des
pancartes de leurs entreprises, des banderoles du MTLD
, des drapeaux algériens et des portraits
géants de Messali Hadj.(" A la hauteur de
la Bastille, les CRS tirent sur le cortège
faisant 7 morts, dont 2 Français. Le PCF et la
CGT dénonceront aussitôt la provocation
policière et organiseront du 15 au 24 juillet,
des manifestations et des arrêts de travail. Ils
rendront aussi, de façon solennelle " un
suprême hommage aux martyrs de la liberté
" (l'Humanité du 27 juillet 1953)1 En 1954, le MTLD
est traversé par une crise qui, après
huit mois de durs affrontements politiques mais qui ne
furent jamais sanglants, se termine en juillet 1954
par la refondation du MTLD au Congrès d'Hornu,
l'élection d'une nouvelle direction : le
Conseil national de la Révolution
Algérienne (CNRA) et la décision prise
de commencer la lutte armée en décembre
1954, après la session de l'ONU de
novembre. Au courant de
ces intentions, le gouvernement Mendes France met en
place un dispositif répressif et déporte
Messali Hadj, le chef du MTLD, de Niort où il
était placé en résidence
surveillée aux Sables d'Olonnes
(Vendée). Aussitôt des centaines de
comités pour la libération de Messali
sont créés et des manifestations et des
meetings se tiennent en octobre dans la plupart des
villes de France et dans une quarantaine de villes
d'Algérie. C'est dans ce contexte que Boudiaf,
qui a regroupé quelques "acti vistes" dans le
CRUA, lance, avec le soutien de Nasser, les actions
armées du 1 er novembre 1954. 2. La
période 1954-1956 Le 2 novembre
1954, une répression très dure s'abat
sur les cadres connus du MTLD, parti qui sera dissous
le 5 novembre. Mais en décembre 1954, il est
reconstitué sous le sigle de Mouvement national
algérien (MNA) qui est le seul parti
révolutionnaire algérien en France, car
le FLN ne s'implantera dans l'émigration qu'au
début 1956. L'année
1955 est marquée par une répression
permanente contre les militants et les syndicalistes
algériens qui, de leur côté
participent à toutes les grèves et
actions du mouvement ouvrier et aux actions contre la
guerre d'Algérie. C'est ainsi que les
messalistes se sont engagés dans la
grève totale de la Loire-Atlantique
d'août 1955 et qu'ils ont distribué des
milliers de tracts dans les usines de la région
parisienne pour que la grève devienne
générale dans toute la
France. Je peux
témoigner de ce fait parce que j'ai
moi-même distribué, avec des camarades
algériens, des tracts aux usines Renault, bien
accueillis d'ailleurs par les travailleurs
français, devenus sensibles, après
l'insurrection générale du 20 août
1955 en Algérie, que les opérations de
maintien de l'ordre étaient devenus une
véritable guerre. Fin novembre
1955, après la chute du gouvernement Edgar
Faure, l'Assemblée nationale est dissoute et
pendant la campagne électorale pour les
législatives, la question algérienne est
au centre de tous les débats. Le 2 janvier
1956, le Front républicain remporte la victoire
aux élections. Le 6 février, Guy Mollet,
le chef du nouveau gouvernement il se rend à
Alger pour installer le général Catroux
en remplacement de Jacques Soustelle au gouvernement
général. Conspué par une
manifestation des Européens conduits par
l'extrême droite, Guy Mollet capitule et un
débat s'ouvre à l'Assemblée
nationale sur les pouvoirs spéciaux. C'est
alors que pour peser sur ce débat, le MNA
distribue des milliers de tracts dans les usines, les
métros et les gares puis il lance un appel
à la grève générale des
travailleurs algériens et à une
manifestation centrale à Paris. Le 9, la
grève des Algériens est massive. Chez
Renault où travaillent 4 000 Algériens,
des départements entiers comme les fonderies,
les forges, les presses, sont presque
arrétés.Le Monde du 10 mars écrit
:" A Paris, depuis le matin, les Algériens
arrivent par petits groupes à la
mosquée, fixée comme lieu de
rassemblement. Mais d'autres lieux de regroupement
existent aux portes de Paris. A 14 h 40, le drapeau
vert et blanc, frappé du croissant et de
l'étoile rouge des fellaghas, est brandi devant
la porte de la mosquée de Paris par quelques
jeunes gens et applaudi par près de trois mille
Algériens. A 15 heures, les manifestants se
constituent en cortège. Ils sont plusieurs
milliers, ils défilent silencieusement en
occupant la chaussée. Ils empruntent la rue
Geoffroy-Saint-Hilaire, le boulevard Saint-Marcel et
le boulevard de l'Hôpital. Après avoir
traversé la Seine, ils suivent le boulevard
Morland en direction du palais Bourbon, dont les
abords sont massivement occupés par les forces
de l'ordre ". La police charge
le défilé sans le disloquer et
procède à des arrestations, mais en
nombre limité. Pour trois raisons : l'existence d'un
service d'ordre massif et déterminé, le
soutien de la gauche révolutionnaire et les
syndicats d'enseignants, la campagne du MNA pour la
paix en Algérie et la fraternité des
peuples français et algérien. Après le
vote des pouvoirs spéciaux, une
répression massive frappe les travailleurs
algériens en même temps que le contingent
est mobilisé pour la guerre
coloniale. 3. De mars 1956
à mai 1958 a) une
vigoureuse mobilisation de la gauche socialiste et
révolutionnaire contre l'envoi du contingent en
Algérie, des atteintes croissantes aux
libertés démocratiques et
l'expédition francoanglo-israélienne
à Suez qui se termine par un fiasco et une
intervention plus forte des Etats-Unis au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord. b) la
création de l'Union syndicale des travailleurs
algériens (USTA) qui, à son 1er
Congrèsde juin 1957 fait la
démonstration que c'est une organisation
syndicale de masse indépendante de tout parti
et démocratique. c) un
affrontement sanglant entre le FLN et le MNA qui va
créer un fossé entre travailleurs
français et algériens, à un
moment où le mouvement ouvrier français
reflue et que les paras ont remporté la
bataille d'Alger en utilisant les méthodes les
plus discutables. On connaît
la suite : le soulèvement des Européens
et de l'armée à Alger le 13 mai, la fin
de la IVème république, le retour du
général de Gaulle au pouvoir et la mise
en place des institutions de la Vème
république. 4. Sous la Ve
République * du 4 juin
1958, pendant lequel le général De
Gaulle prononce son discours sur le Forum d'Alger, en
août 1959 où il effectue sa "
tournée des popotes ", deux faits importants :
l'intensification de la guerre avec le plan Challe et
la création du GPRA présidé par
Ferhat Abbas. * du discours
sur l'autodétermination du 16 septembre 1959
à juin 1960, deux faits majeurs : la semaine
des barricades à Alger en janvier 1960 et
l'échec des pourparlers de Melun entre les
émissaires du général de Gaulle
et le GPRA. * du 4 novembre
à décembre 1960, trois faits majeurs :
l'évocation par le général de
Gaulle d'une " République algérienne ";
la concentration de tous les pouvoirs entre les mains
du général de Gaulle ; les
manifestations des Algériens à Alger,
lors du voyage du général de
Gaulle. * De janvier
1961 à la signatures des Accords d'Evian, la
période est particulièrement violente
avec : - la formation
de l'OAS ; - la guerre
menée en France par la direction du FLN pour
s'imposer comme seul interlocuteur valable
; - un
durcissement de la répression avec le massacre
des Algériens, le 17 octobre 1961 et celui de
Charonne, le 8 février 1962 avec, en
réponse aux 8 tués par les forces de
l'ordre, une grève générale et
une manifestation de cinq cent mille personnes
à Paris lors des obsèques des victimes.
C'est dans ce contexte que le général de
Gaulle signe avec le GPRA les Accords d'Evian, le 18
mars. *De mars 1962
à la fin 1962, la violences diminuent sans
cesser, par le fait de la poursuite des affrontements
entre FLN et le MNA et des attentats de
l'OAS. La proclamation
de l'indépendance le 5 juillet est
saluée par tous les Algériens de France,
mais pendant l'été 1962, le conflit
entre le GPRA et l'état-major des
frontières aboutit à la dissolution du
GPRA et du CNRA, la disparition de l'exécutif
provisoire, l'implosion du FLN et l'entrée en
force de l'armée des frontières qui
s'imposera aux wilayas de l'intérieur qui
avaient supporté tout le poids de la guerre,
avant de s'installer au pouvoir. C'est pourquoi,
dès septembre 1962, l'émigration
algérienne reprend et s'amplifie,
favorisée par les Accords d'Evian. En
même temps qu'elle change de nature en devenant
une émigration de peuplement qui va
s'enraciner, après une période
d'interrogation qui prend fin en 1974 quand
l'émigration algérienne de travail prend
fin. L'émigration algérienne entre dans
une nouvelle phase : elle n'est plus " exemplaire "
(Sayad), mais elle devient normale en s'inscrivant
dans le cycle des autres immigrations, avec les
difficultés liées à cette
histoire. ; Deux
brèves conclusions : 2). La guerre
d'Algérie a constitué un immense gachis
car l'Etoile, le PPA, le MTLD puis le MNA ne
demandaient que la fin du régime colonial,
l'élection par tous les habitants de
l'Algérie d'une Assemblée Constituante
Souveraine et la transformation de l'Empire puis de
l'Union Française en un Commonwealth
franco-africain. ,: (1) Le 22
novembre 2001, pendant des journées
d'études de la CGT sur la guerre : :
d'Algérie, un film sur les manifestations des
Algériens à Paris, en particulier celle
du 14 ~ : juillet 1953, a montré combien
était grande, malgré les divergences
entre le PCF et le : ~ MTLD, la solidarité
entre travailleurs algériens et
français. Quarante ans
après, il apparaît que l'écriture
sans tabou de l'histoire longue de l'immigration
algérienne est l'une des conditions
premières pour tourner la page du passé
et ouvrir le chantier de la construction de l'Occident
méditerranéen au XXIè
siècle. (1) Le 22
novembre 2001, pendant des journées
d'études de la CGT sur la guerre
d'Algérie, un film sur les manifestations des
Algériens à Paris, en particulier celle
du 14 juillet 1953, a montré combien
était grande, malgré les divergences
entre le PCF et le MTLD, la solidarité entre
travailleurs algériens et
français.
a)
l'importance démographique. Dès la fin
1945, le flux migratoire qui avait été
stoppé en 1940 reprend en se
développant. C'est toujours une
émigration de travail à dominante
kabyle, bien que le recrutement se soit élargi
maintenant au Constantinois (région de
Sétif et des Aurès), à l'Oranie
et au Sahara.
En 1954,
l'émigration algérienne est dans sa
quasi totalité acquise au MTLD comme
l'attestent les cortèges algériens dans
les défilés du 1 er mai et du 14 juillet
1954 ainsi que l'ampleur des manifestations de
protestation après la seconde
déportation de Messali, qui se déroulent
jusqu'au 31 octobre 1954.
La
situation est caractérisée par :
La
dernière période est marquée par
un problème majeur : quelle solution apporter
au problème algérien ? On peut
distinguer cinq moments :
1). La
guerre menée par le FLN en France contre le
MNA, l'USTA et le peuple français n'a
constitué qu'une brève séquence
dans une histoire séculaire de la fin 1957
à 1962). L'explosion du GPRA, l'installation au
pouvoir d'un régime militaire, le retour massif
de l'émigration en France dès la fin
1962, la dissolution de la Fédération de
France du FLN et la répression contre la
Kabylie ont ramené l'immigration
algérienne à son histoire passée
où elle était ancrée dans le
mouvement social français.